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UN LOBBYISTE ULTRA-LIBÉRAL TRÈS PROCHE DE MACRON A DROGUÉ SA COLLÈGUE

février 28, 2022

Laurent Bigorgne a inspiré toute la politique économique de Macron et a même failli être ministre


Vous avez peut-être entendu parler de «l’institut Montaigne». Il s’agit d’un lobby ultra-libéral, régulièrement invité sur les plateaux de télévision. On entend ses représentants réclamer la suppression de certains congés payés, la privatisation des retraites ou de l’éducation. À la tête de cette entreprise de démolition sociale, Laurent Bigorgne. L’institut fondé par l’ancien PDG d’AXA est financé par des entreprises du CAC 40. Et son directeur est «spécialiste» de l’éducation, mais aussi très proche de Macron. Pour lui, les enseignants ne sont pas «mal payés», et d’ailleurs, ils sont déjà trop nombreux.

Dès 2016, quand une petite équipe se monte autour de Macron, qui est ministre de l’économie, Laurent Bigorgne participe aux réunions pour soutenir son ami. Ils se connaissent depuis 2012. Le lobbyiste est issu des rangs de l’UNEF-ID, syndicat étudiant lié au Parti Socialiste. Pendant la campagne de 2017, c’est lui qui va mettre en forme une partie du programme de Macron, tout en occupant son poste à l’Institut Montaigne. Laurent Bigorgne va même héberger le mouvement En Marche, récemment créé, à son domicile personnel. À la fois conseiller secret et lobbyiste du patronat, il est de toutes les réunions stratégiques, participe à la levée de fond de En Marche en activant son réseau. Lorsqu’il est élu, Macron propulse au Ministère de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, un vieux compagnon de l’Institut Montaigne : il est membre d’un comité satellite de l’Institut, et y a organisé des «expériences pédagogiques» financées par des fortunes privées dont Axa – 200 000 euros –, Bettencourt – 180 000 euros – et Dassault – 100 000 euros.

Durant le quinquennat, Laurent Bigorgne rêve même d’un grand Ministère de l’Éducation Nationale incluant l’enseignement supérieur, pour aller plus loin dans la privatisation de l’éducation. Durant tout le quinquennat, c’est lui qui inspire les mesures gouvernementales en la matière. Évaluer les établissements comme s’il s’agissait d’entreprises ? Donner un pouvoir de manager aux chefs d’établissement ? Grand bond en avant dans la destruction des universités ? Parcoursup ? «Coaching» éducatif privé ? Derrière toutes ces mesures, la marque de l’Institut Montaigne. De même que les formules creuses, du genre «libérer les énergies» régulièrement utilisées par Blanquer : des éléments de langage de l’Institut.

Le 22 février, Laurent Bigorgne drague lourdement une de ses collaboratrices dans le cadre d’une soirée. Il consomme de la cocaïne. Alors qu’elle vient de boire une coupe de champagne, elle se sent subitement mal et file à l’hôpital. Les analyses révèlent qu’elle a été droguée à son insu par une substance, la MDMA. Laurent Bigorgne reconnaît les faits lors d’une garde à vue. Mais il est relâché et convoqué libre, en procès, le 10 mars pour «administration de substance nuisible». La justice ne retient pas d’intention à caractère sexuel. Difficile d’imaginer pourtant que le mis en cause en est à sa première fois. Le directeur de l’Institut Montaigne, ami de Macron, membre fondateur de LREM, et prédateur à la fois de l’enseignement publique et des femmes qui l’entourent, vient de démissionner de son poste.