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« RÉÉCRITURE » DE L’ARTICLE 24 ? NON : RETRAIT TOTAL DE LA LOI DE SÉCURITÉ GLOBALE !

novembre 30, 2020

Les députés En Marche annoncent ce soir une « réécriture complète » de « l’article 24 » de la Loi de sécurité globale. C’est à dire la partie qui vise à interdire de filmer la police avec une « intention malveillante ». Cela montre que la mobilisation historique de ces derniers jours fait peur au gouvernement, et qu’il cherche à gagner du temps.

Mais l’article 24 n’est qu’un détail au milieu d’un loi dictatoriale. Cette loi est une batteries de mesures liberticides et autoritaires qui donnent les pleins pouvoirs à la police. Se concentrer sur cet article est un vrai piège politique. Pour rappel, la « Loi de sécurité globale » c’est :

DES DRONES, ET UNE SURVEILLANCE GÉNÉRALE

L’objectif principal est une surveillance généralisée de l’espace public, en généralisant l’usage de drones avec des caméras. Des centaines de ces mouchards volants ont déjà été commandés.

La loi vise explicitement le contrôle de tous les opposants, et veut aussi généraliser l’utilisation immédiate des « caméras mobiles » portées par les policiers et l’utilisation des images en direct. Ce qui doit permettre une analyse automatisée pour reconnaître en temps réel l’identité de tous les manifestants, avec un fort risque des gardes à vue préventives et d’empêchement systématique de se joindre au cortège. C’est un projet de société terrifiant, ou chaque parcelle de l’espace urbain est filmé, analysé, quadrillé.

LA VOIE VERS LA RECONNAISSANCE FACIALE

Le « livre blanc de la sécurité » qui sort en même temps que la Loi de sécurité propose de « porter le Ministère de l’Intérieur à la frontière technologique », et propose la reconnaissance faciale, imagine une police augmentée, l’analyse automatisée des réseaux sociaux …

Le projet de loi contient un chapitre entier consacré aux outils de surveillance, et ouvre la voie à la reconnaissance faciale. La France se pose ces dernières années comme un pionnier des technologies de surveillance, avec la Chine, de développe des outils de traçage. L’abondance des données récoltées par drones, caméras de surveillance ou caméras piétons sera donc nécessairement traitée par ces outils de reconnaissance biométrique. Cela signifie à court terme un fichage en temps réel de tous les opposants, et à moyen terme de toute la population. Un cauchemar totalitaire.

DES ARMES PARTOUT

Des policiers hors services pourront accéder aux établissements recevant du public armés. Par exemples : dans un concert, un restaurant, un magasin … vous pourrez croiser des individus en civil avec une arme. Cette mesure s’inscrit dans une logique d’Etat d’exception. Lors de l’Etat d’urgence, le gouvernement avait autorisé les policiers à garder leurs armes en dehors du travail. Puis l’année suivante, François Hollande avait choisi d’étendre l’usage des armes à feu en dehors du cadre de la légitime défense. Ainsi, les policiers obtenaient le droit de tirer non seulement pour se défendre, mais aussi pour « défendre un lieu sous leur responsabilité ». Un processus de militarisation de la société. Le nombre de tirs à balles réelles explose, comme le montre le scandale dévoilé hier par Mediapart : des policiers qui tirent par erreur sur des jeunes qui n’ont rien fait. Avec cette mesure, c’est la multiplication assurée de ce genre de drame.

LE POUVOIR AUX POLICES MUNICIPALES

La loi prévoit également d’étendre aux polices municipales, sous le seul contrôle des maires, des compétences de la police nationale sur des missions de police judiciaire. Les agents municipaux pourront aussi procéder à des contrôles d’identité et à des saisies au risque d’amplifier les abus et détournements déjà dénoncés.

LE POUVOIR A LA SÉCURITÉ PRIVÉE

la loi organise une privatisation de la police en déléguant aux agents privés de sécurité des pouvoirs réservés à la police judiciaire. Les vigiles d’entreprises privés pourront notamment contrôler les identités, verbaliser, et même priver de liberté une personne contrôlée. Un monde de flics privés omniprésents et avec tout pouvoir.

L’ÉTAT LE PLUS POLICIER D’EUROPE

En additionnant les 30 000 policiers municipaux aux 150 000 fonctionnaires de la police nationale et aux 170 000 employés des sociétés privées de sécurité, l’Etat disposerait d’environ 350 000 membres des forces de maintien de l’ordre et de sécurité intérieure, sans compter les 99 000 membres de la gendarmerie nationale. Grâce à la loi « sécurité globale », l’Etat aurait ainsi à sa disposition au quotidien, pas loin d’un demi million d’agents de sécurité, soit un agent de l’ordre pour 150 habitants. La France deviendrait, de loin, le pays le plus sécuritaire et policier d’Europe.

Les deux piliers du pouvoir en place sont la police et les médias. Macron impose l’article 24 pour faire plaisir à la police, mais il envisage de le retirer pour faire plaisir à la presse, qui s’y oppose massivement, même dans les médias de droite. Cela ne change pas grand chose : si la loi passe, avec ou sans article 24, c’est un basculement définitif en Régime autoritaire. Il est possible de l’empêcher !