INVERSION DU RÉEL
L’ignominie du jour. A la veille de la fête de la musique, le bulletin préfectoral parfois appelé « Ouest-France » réussit le tour de force de plaindre les policiers nantais pour qui il serait « compliqué de travailler » à cause de la mort de Steve. Les mots ne suffisent pas pour qualifier une telle inversion du réel.
Dans l’article, des policiers se plaignent notamment de ne devoir « éviter d’afficher leur profession » en privé, que leurs enfant ont « honte » de leur travail, et qu’ils sont rejetés. S’il est si douloureux de contribuer à une institution violente et impunie, rien ne les empêche de démissionner.
Contrairement à ce que prétend l’article, la mort tragique de Steve n’a absolument pas empêché la police nantaise de continuer à réprimer avec une brutalité extrême. Quelques jours seulement après sa disparition, un manifestant était par exemple étranglé par la BAC en plein centre-ville devant témoin.
Imaginons les prochains titres possibles dans Ouest-France :
• Les morts de la police coupables du mal-être des forces de l’ordre
• Témoignage émouvant : Gérard, qui a éborgné un manifestant, « ne comprend pas pourquoi les gens ne me voient plus comme avant »
• Les victimes de contrôles au faciès priées de se taire pour ne pas heurter la sensibilité des agents racistes
• Ce tueur en série vit mal le fait d’avoir perdu son travail
• Enquête sur ces anciens pétainistes qui dorment mal en se souvenant des déportations
• Un manifestant poursuivi pour dégradation après avoir laissé son sang sur une matraque
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