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JUSTICE POUR ABOUBACAR, MORT LORS D’UNE INTERPELLATION A NANTES

août 7, 2018

Le jeune père de famille était décédé le 25 novembre dans les mains de la police

Samedi 25 novembre, rue de Bel-Air, dans le centre-ville de Nantes. La police intervient dans un appartement, pour interpeller un homme décrit comme « agité » par un voisin. Abdou Aboubacar, 31 ans et père d’un petit garçon de 3 ans ne survivra pas à l’intervention de la police. 

Le lendemain, un journal nantais évoque « une interpellation houleuse ». Un euphémisme, alors qu’il y a mort d’homme. L’article raconte que le défunt a fait « un arrêt cardiaque » lors de l’intervention policière. Ce qui ne veut rien dire, car dans l’absolu, tout décès intervient après un arrêt du cœur. En réalité, Abou est mort avec une côte cassée et un poumon perforé, avec trois policiers en train de l’immobiliser. Un scénario qui rappelle énormément la mort d’Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise en juillet 2016, asphyxié lors d’une arrestation par les gendarmes. A Nantes, cette affaire du 25 novembre passera relativement inaperçue dans les médias. Malgré son extrême gravité et les grandes zones d’ombres qu’elle laisse.

Aujourd’hui, Sylvie, la compagne d’Aboubacar, raconte : « il y avait juste une voisine à qui les policiers ont dit de rentrer chez elle, qu’ils géraient la situation ». Pour elle, la responsabilité des policiers ne fait aucun doute. Elle demande justice, et veut savoir « exactement ce qui s’est passé ce jour là. Eux disent qu’Abou a fait un arrêt cardiaque mais pourquoi? Il a eu une côte et un poumon perforé, pourquoi ? Clairement je souhaite qu’on m’aide à avoir les réponses qu’on ne me donne pas, car cela s’est passé il y a 8 mois maintenant et l’avocate n’a toujours pas accès au dossier et donc à l’autopsie ! »

Le parquet a classé l’affaire le 21 juin 2018. Le procureur, homme de loi, justifie sa décision avec une phrase qui fait froid dans le dos : « les faits ne constituent pas un délit pénal ». Alors même que l’enquête a été bâclée et que la famille de la victime n’a pas pu voir le dossier ! C’est un grand manque de respect.

Quelques jours après cette décision de justice, dans le quartier du Breil, un CRS tirait un balle dans le cou du jeune Aboubakar, le tuant sur le coup. En seulement 8 mois, les forces de l’ordre ont donc tué deux hommes à Nantes, et blessé des centaines de personnes, parfois gravement, dans les quartiers populaires et les manifestations. Un bilan qui ne peut rester impuni.

Aboubacar laisse derrière lui une femme et un petit garçon en deuil. Sa compagne compte faire appel du classement de l’affaire, et se battre pour obtenir justice et vérité. Cette affaire est l’affaire de toutes et tous.